RDC : briser les barrières liées à l’accès à l’information pour promouvoir des interventions humanitaires dans le respect de la dignité humaine
"Quand on habite dans les zones reculées, et parfois privées des technologies de l’information et de la communication, l’accès à l’information sur les thématiques clés liés à l’exploitation, l’abus et le harcèlement sexuels lors des interventions sanitaires reste un véritable défi pour nous".
Bernadette Tina Mbuyi, basée à Kimbanseke, commune du sud-est de Kinshasa, est coordonnatrice de l’Organisation non-gouvernementale ‘Rien sans les femmes’, qui lutte contre les violences basées sur le genre. Pour elle, comme pour de nombreux participants à la formation sur la prévention et la réponse à l’exploitation, aux abus et harcèlements sexuels – tenue du 7 au 10 juin derniers à Kinshasa par une équipe conjointe ONU-OMS - la différence n’était pas nette entre les notions d’exploitation, abus et harcèlement sexuels. De même, elle ne percevait pas non plus l’importance de leur prise en compte dans les interventions humanitaires dans un contexte sanitaire marqué, entre autres, par la survenue et la persistance des cas de covid-19 en RDC depuis mars 2020.
"Grâce à cette formation, j’appréhende désormais mieux les notions d’exploitation, abus et harcèlement sexuels. L’une de mes actions à court terme sera de restituer, au sein de mon organisation et en direction des jeunes filles que nous encadrons, ce que j’ai appris afin que nous puissions intégrer systématiquement cela dans nos interventions en mettant en place plus d’activités de sensibilisation, en encourageant le signalement, en accompagnant la prise en charge et/ou la référence des cas d’exploitation et abus sexuels", ajoute-t-elle.
Depuis le mois de mars 2020, la RDC a enregistré un total de 90.678 cas confirmés de COVID-19 au 13 juin 2022 dont 2 cas probables, incluant 1 349 décès (létalité 1,5 %), signalés dans 314 zones de santé des 26 provinces du pays. Cependant, ces crises sanitaires attirent beaucoup d’acteurs humanitaires. De ce fait, elles sont aussi susceptibles d’accroître le nombre de cas d’exploitation et abus sexuels.
"Le défi à la fois pour les gouvernements, acteurs humanitaires, membres de la société civile et personnels de l’OMS, est d’apporter l’assistance aux communautés touchées dans le respect de la dignité humaine. En ce sens, il est capital que les notions et approches de prévention de l’exploitation, des abus et harcèlement sexuels soient la chose la mieux partagée par l’ensemble des parties-prenantes de la riposte COVID-19 en République démocratique du Congo", a déclaré le Dr Amédée Prosper Djiguimdé, Chargé de Bureau de l’OMS en RDC.
Pour favoriser une meilleure compréhension et appropriation des notions et approches en matière de prévention et réponse à l’exploitation, aux abus et harcèlement sexuels (PREASH), l’OMS soutient l’organisation depuis 2018 d’ateliers de renforcement des capacités en direction d’acteurs humanitaires, membres de la société civile, autorités étatiques et personnels de première ligne déployés pour répondre aux urgences sanitaires majeures. Plusieurs ateliers ont été organisés notamment à Béni, Butembo, Goma, Kinshasa, Mbandaka en réponse à l’épidémie d’Ebola, en mode présentiel, puis couvrant d’autres provinces du pays en mode distanciel.
"Avec la flambée des cas de covid-19 en RDC, nous avons étendu ces ateliers à la riposte covid-19 avec pour objectif de contribuer à la création d’un système de prévention et de réponse relatif à l’exploitation, l’abus et le harcèlement sexuels dans les régions affectées par le virus", souligne la Dre Islande Georges Cadet, Coordinatrice PRSEAH Inter agence au niveau de la Province du Nord Kivu en RDC.
"En 2019, 99 allégations ont été rapportées dans le système des Nations Unies, ainsi que 174 allégations d’exploitation et d’abus sexuels impliquant des organisations partenaires mettant en œuvre des programmes des Nations Unies. En comparaison aux données de 2018, faisant mention de 148 allégations d’exploitations et d’abus sexuels impliquant directement les employés de l'ONU, celles de 2019 sont en régression. Cependant, les allégations de 2019 commises par les personnels d'organisations partenaires mettant en œuvre des programmes des Nations Unies sont en nette augmentation en passant de 111 à 174[1]. Le but de l’OMS est de mitiger les risques de recrudescence des cas d’exploitation et d’abus sexuels au sein du système et lors des crises sanitaires", a-t-elle poursuivi.
Pour la Dre Elsha Lemba, Assistante au programme santé chez Médecins d’Afrique, cette formation aura été bénéfique à plus d’un titre. "C’est un atelier qui a pleinement répondu à mes attentes car, je suis désormais capable de distinguer chaque notion. Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’accent qui a été mis sur l’approche centrée sur le bénéficiaire. En tant qu’acteurs humanitaires, nous devons veiller à ce que nous ne soyons pas instigateurs de cas d’exploitation et abus sexuels au sein des communautés. Mais nous avons le devoir de former à notre tour les bénéficiaires afin qu’ils soient en mesure de dénoncer et d’utiliser tous les mécanismes adaptés à leur contexte pour signaler tout cas dont ils pourraient être témoins ou victimes".
Dans la foulée, le secrétaire général ad intérim au Ministère de la Santé Publique, Hygiène et Prévention de la RDC, le Dr Bodi Ilonga Bompoko, a salué cette initiative qui "créera une dynamique dans la lutte contre les exploitations, abus et harcèlement sexuels et pérennisera ces valeurs cardinales dans toutes les sphères de l’administration publique congolaise".Chargée de communication
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